Cristeros & Vendéens : des étranges parallèles…

A l'occasion de la sortie du film les Cristeros, voici un rappel historique pour mieux comprendre le film et l'étonnant parallèle entre la Vendée et le Mexique.


Cristeros & Vendéens : des étranges parallèles…

C'est l'histoire de deux combats, de deux luttes pour une seule et même Cause : la liberté.
L'histoire de deux peuples, de deux univers différents, mais qui sont somme toute assez semblables : la guerre de Vendée de 1793 et la guerre des Cristeros, menée au nom du Christ-Roi, dans le Mexique des années 1920.
Egalement connue sous le nom de « Christiade », cette guerre renvoie au conflit qui, trois années durant (de 1926 à 1929), opposa les paysans à l'Etat mexicain qui, sous l'impulsion du président de l'époque, Plutarque Calles, enchaîna les mesures anticléricales visant à déchristianiser le Mexique tout entier.
Tout comme lors de la Révolution Française en 1789, les prêtres sont expulsés, et les biens de l'Eglise nationalisés. Il est parfois des moments où l'Histoire bégaie, et finit par se répéter...
Ces deux épopées nous donnent à réfléchir autour de thèmes aussi universels (et atemporels) que la liberté ou encore la résistance à l'oppression...

Cristeros / Vandeanos : ¿ Historias similares ?

Son las historias de dos combates, de dos luchas por una sola y única Causa : la Libertad.
Son las historias de dos pueblos y de dos universos diferentes pero que son, a fin de cuentas, muy similares : la guerra de Vandea de 1793 y la guerra de los Cristeros, llevada en nombre del Cristo-Rey, en el México de los años 1920.
También conocida bajo el nombre de « Cristiada », esta guerra remite al conflicto que, durante tres años (1926-1929), opuso los campesinos al Estado mexicano que, bajo la impulsión de Plutarque Calles (el presidente en aquella época), multiplicó las medidas anticlericales que tendieron a decristianizar el país entero.
Igual que ocurrió durante la Revolución Francesa en 1789, los sacerdotes fueron expulsados y los bienes de la Iglesia fueron nacionalizados...
A veces, hay momentos en los que la Historia tartamudea y acaba repitiéndose...
Estas dos epopeyas nos hacen reflexionar en torno a temas universales y atemporales como la libertad o la resistencia frente a la opresión...

I) - Mexique 1926 / Vendée 1793 : quels points communs ?

C'est toujours dans une période de crise politique que naissent de telles révoltes.
En ce qui concerne la Vendée, l'insurrection vendéenne intervient suite aux dérives terroristes d'une Révolution Française décevante et extrémiste, qui a peu à peu gangrené la France dans des conditions qui sont tout sauf démocratiques (cf : prise des Tuileries le 10 Août 1792).
Le contexte mexicain est similaire, à l'exception près que le gouvernement de Calles est arrivé légalement au pouvoir en 1924. Et, tout comme les élites révolutionnaires françaises, lui-aussi est athée.
Sitôt arrivé au pouvoir, il fait voter et appliquer des mesures anti-cléricales : suite à la Loi pour la réforme du Code Pénal (1926), le port de l'habit religieux peut par exemple être puni d'une amende de 500 pesos. Face à cette vague massive et légale de déchristianisation, la résistance des organisations catholiques s'organise, pacifiquement d'abord, via des manifestations et autres pétitions. Elle s'intensifiera ensuite, et l'on assiste, un peu partout, à une montée de la violence (c'est le cas à Guadalajara, le 3 Août 1926, où quatre-cents catholiques armés se soulèvent et investissent l'église de Notre-Dame de Guadalupe).

I) - México 1926 / Vandea 1793 : ¿Cuáles son los puntos comunes ?

Es siempre durante un período de crisis política cuando estallan tales revueltas...
En lo que atañe a Vandea, la insurrección vandeana se declara a raíz de las derivas terroristas de una Revolución Francesa decepcionante y extremista, que gangrenó Francia poco a poco en condiciones poco democráticas (basta con ver el asalto del palacio de las Tullerías el 10 de agosto de 1792).
El contexto mexicano fue similar, salvo que el gobierno de Calles tomó el poder de manera legal en 1924. E, igual que las élites revolucionarias francesas, él era también ateo.
Una vez en el poder, Calles hace votar medidas anticlericales : en efecto, a raíz de la Ley para la Reforma del Código Penal (1926), el llevar una sotana puede ser sancionado por una multa de 500 pesos. Frente a esa ola masiva y legal de decristianización, se organiza la resistencia de las organizaciones católicas. Primero de manera pacífica, mediante marchas o peticiones. Sin embargo, esta resistencia pronto se intensifica y asistimos, en todas partes, a una subida de la violencia (es el caso el 3 de agosto de 1926, cuando cuatrocientos católicos se sublevan y se instalan en la iglesia de Nuestra-Señora de Guadalupe).

Rapidement, les choses s'accélèrent. Tout comme en Vendée, des insurrections généralisées éclatent. Ceux que l'on considère alors comme des rebelles s'emparent de plusieurs villages aux cris de « Vive le Christ-Roi ! » (¡Viva Cristo Rey!). Leur armement est précaire : il se réduit aux armes de leur quotidien : des bâtons et de vieux fusils... Ils n'ont aucune expérience de la guerre, mais ils sont la foi au cœur. Jesus Degollado, Victoriano Ramirez1, Aristeo Pedroza deviennent les nouveaux Cathelineau, Stofflet, Charette et j'en passe ! Ils ne sont pas des brigands, mais des Cristeros, et marchent à la guerre comme on part en croisade... Une croisade nommée « Cristiada ».

Au début, l'état mexicain ne prend pas la révolte au sérieux. Ce fut également le cas lors des premières semaines de l'insurrection vendéenne, quand la Convention considérait que la révolte catholique dans l'Ouest allait s'éteindre aussi vite qu'elle avait commencé

Los acontecimientos se encadenan rápidamente. Como pasó en Vandea, estallan insurrecciones generalizadas. Los que se consideran como rebeldes toman varias aldeas, al grito de : « ¡Viva Cristo Rey! ».
Su armamento es precario : sólo se compone de las armas del cotidiano : bastones y antiguas escopetas.
Los rebeldes ni siquiera benefician de una experiencia de la guerra, pero están aferrados a la fe religiosa...
Jesus Degollado, Victoriano Ramirez2, Aristeo Pedroza se convierten en los nuevos Cathelineau, Stofflet y Charette... No son « bandoleros » sino « Cristeros » y van a la guerra como se emprende una cruzada... Una cruzada denominada « Cristiada ».

Al principio, el estado mexicano no se toma la revuelta en serio, igual que durante las primeras semanas de la insurrección vandeana, la asemblea nacional francesa (la « Convention ») consideraba que la revuelta católica iba a sofocar tan rápido como había estallado...

Au début de l'année 1927, la guerre des Cristeros est à son paroxysme. En Février, ils remportent une victoire écrasante sur les troupes fédérales d'abord à San Francisco del Rincón (Etat de Guanajuato) puis à San Julián (Etat de Jalisco). Ils n'ont pas de stratégie militaire au sens classique du terme, mais excellent dans l'art de la guérilla, tout comme la pratiquaient naguère les armées vendéennes dans le bocage.
Mais, face à cette montée en puissance de la révolte, le gouvernement décide de ne plus rester inactif : on se décide donc à employer les grands moyens, de la même manière que l'a fait (et voté) la Convention Nationale pour étouffer la révolte vendéenne. C'est la politique de la terre brûlée. On brûle les villages. On cherche à supprimer toute source de ravitaillement aux rebelles, mais on peine à obtenir des résultats concluants.

A l'instar de la guerre de Vendée, les femmes ne restent pas inactives dans le combat, et endossent au Mexique, de réelles responsabilités militaires : en Juin 1927, la première brigade féminine de Cristeros est créée. Elle compte dix-sept membres à sa création. Elle en aura plus de dix-mille un an après. Les femmes ont pour mission de récolter l'argent, de fournir les combattants en armes et en provisions, et se voient aussi confier des activités de renseignements (cf : Marie Lourdais à la Gaubretière en 1793)

A principios de 1927, la guerra de los Cristeros alcanza su paroxismo. En Febrero, los Cristeros consiguen una victoria aplastante en las tropas federales en San Francisco del Rincón primero (Estado de Guanajuato) , y en San Julián (Estado de Jalisco) después. No tienen una estrategia militar determinada, clásica, sino que practican la « guerrilla », como la practicaron antaño los ejércitos vandeanos en el campo.

Pero, frente a la espiral de la violencia, el gobierno decide ya no ser inactivo : por lo tanto, decide utilizar métodos radicales, que son los mismos que usó e hizo votar la asamblea francesa para acabar con la revuelta vandeana : o sea la política de « la tierra quemada ». Se queman los pueblos. Se intenta suprimir toda fuente de abastecimiento, pero resulta difícil obtener resultados eficaces y rápidos.
Así como pasó durante la guerra de Vandea, las mujeres nunca estuvieron inactivas, y en México también, asumieron verdaderas responsabilidades militares : en Junio de 1927, es la creación de la primera brigada femenina de Cristeros. Al principio, se compone de diecisiete miembros. Un año después, más de diez mil... Los papeles desempeñados por estas mujeres eran polifacéticos : recolectar dinero, abastecer a los combatientes con armas y provisiones... Pero se hicieron también espías, como fue el caso de la famosa Marie Lourdais, la espía del general Charette en 1793.

Les Cristeros défraient la chronique mexicaine pendant toute l'année 1928, allant même jusqu'à assassiner le successeur récemment élu du président Calles : Álvaro Obregón.
Peu à peu, le mouvement s'essouffle. Des divisions internes apparaissent. Beaucoup d'insurgés abandonnent le combat. Des accords, négociés entre le gouvernement et l'église dès 1927, sont conclus en Juin 1929.
Pour la première fois depuis trois années, le culte redevient entièrement libre. Dans la capitale, à Mexico, les cloches sonnent à toute volée. Les prêtres retrouvent leurs droits civiques et ne sont plus les bêtes noires d'un gouvernement en mal de changement. Seule ombre au tableau : les lois anticléricales votées restent toujours en vigueur (même de nos jours), mais elles ne sont plus appliquées (cf : lois votées par la Convention le 1er Août et le 1er Octobre 1793 qui ne sont toujours pas abrogées).

Los Cristeros dominan la actualidad durante todo el año 1928. Incluso asesinan al sucesor del presidente Calles, recientemente elegido : Álvaro Obregón.
Poco a poco, el movimiento se debilita. Aparecen divisiones internas. Numerosos insurrectos dejan de combatir. Una serie de acuerdos – negociados entre la Iglesia y el Gobierno – son firmados en Junio de 1929.
Por primera vez, el culto se vuelve completamente libre. En México D.F, se oyen las campanas. Los sacerdotes vuelven a beneficiar de sus derechos cívicos y ya no son los « demonios » de un gobierno ávido de cambio. Sólo hay una pega : las leyes anticlericales votadas siguen vigentes, pero ya no son aplicadas... (observamos un fenómeno idéntico en cuanto a las leyes votadas por la « Convention » el1 de agosto y el 1 de octubre de 1793)...

Quel bilan ?

Selon les estimations, la guerre des Cristeros aurait provoqué la mort de cent-mille personnes, autrement dit des chiffres extrêmement proches du nombre de vendéens tués durant la guerre de Vendée (cent dix-sept mille personnes minimum).
Il faudra attendre 1940, et l'élection d'un président catholique en la personne d'Avila Camacho, pour que la situation se stabilise et retrouve un semblant d'apaisement...

Conclusion

En-dehors des causes, la guerre des Cristeros ressemble étrangement à la guerre de Vendée à de nombreux égards. D'une certaine manière, elle en constitue une version moderne, différente par bien des aspects (culturels notamment), mais qui s'apparente terriblement aux troubles qui ont secoué l'ouest de la France lors de la Révolution. Toutes deux ont duré trois ans, et offrent l'exemple d'une guerre civile, d'une lutte intestine entre frères de sang.
Une problématique terriblement actuelle.
Le film qui sort en ce moment dans les salles de cinéma s'attache à mettre en lumière cette longue épopée héroïque, ardente, mais aussi tragique, d'un peuple qui se lève pour défendre sa/ses libertés. L'occasion de se souvenir, pour ne pas oublier...

Conclusión

Según las últimas estadísticas, la Cristiada provocó la muerte de unas 100 000 personas... Dicho de otro modo, estas cifras están muy cercanas del número de vandeanos que murieron durante la guerra de Vandea (117 000 personas).
En México, hubo que esperar 1940 y la elección de un nuevo presidente católico – Ávila Camacho – para que la situación de crisis se mejorara y se apaciguara.
Así, excepto las causas, la guerra de los Cristeros se parece sorprendentemente a la guerra de Vandea, por muchos aspectos... De cierta manera, la Cristiada representa una versión moderna de esta guerra... Una versión diferente (cultura distinta) pero a la vez muy similar a los turbios que pertubaron el oeste de Francia bajo la Revolución.
Ambos conflictos duraron tres años, y nos ofrecen el ejemplo de una guerra civil, de una lucha intestina entre hermanos carnales...
Aquí se trata de una problemática terriblemente actual.
La película que sale estos días en las pantallas nunca deja de poner de realce esta larga epopeya heroica, ardiente, pero también trágica : la epopeya de un pueblo que se levanta para defender su(s) libertad(es)... Cabe recordarlo para no olvidar...



Amaury Guitard & Jean-Christophe Mênard
Mercredi 21 Mai 2014
Amaury Guitard
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